En direct #3 : de la difficulté d’être blogueur sur un sujet prétendument confidentiel


Par Raphaël Thierry

Voilà déjà plusieurs mois que le rythme de publication s’est ralenti sur EditAfrica. Et pour cause : j’administre ce blog tout seul depuis le début. Après quelques appels du pied infructueux, faute d’une même vision intellectuelle et faute de moyens, j’ai préféré l’option solitaire.

Et pourtant quel dommage ! Car l’édition africaine est un sujet si vaste et tellement riche, que l’on ne disposera jamais d’assez d’énergies pour en relayer efficacement l’actualité, les nouvelles problématiques, en dresser une cartographie à jour, en composer une historiographie préliminaire. Le travail reste alors confiné à un éternel début : épisodiquement, une nouvelle publication apparait, puis se perd dans les limbes.

Il y a aujourd’hui un énorme besoin de composition autour des questions éditoriales en Afrique. C’est ce travail de lien et de « collectivisation » des savoirs qui permettrait, je l’espère, d’aborder la question de l’édition africaine non comme une fantaisie de recherche ou de l’exotisme journalistique. L’enjeu est bien plus vaste, sa portée universelle : il s’agit de compléter nos bibliographies intellectuelles et de dresser de nouvelles étagères dans nos bibliothèques à vocation universaliste.

L’édition africaine existe et se développe sans cesse, depuis bien des décennies. Des éditeurs favorisent des choix intellectuels, construisent des catalogues, permettent l’émergence d’écrivains.

Le destin de ces derniers est-il alors, irrémédiablement, d’aller ensuite publier leurs ouvrages au Nord, là où les conditions de publication sont, paraît-il, meilleures ?

Ce que je voudrais aussi dire ici, puisque j’ai cette liberté sur EditAfrica, c’est que l’édition africaine ne doit pas non plus être regardée avec bienveillance. Les ouvrages doivent être critiqués, défendus et descendus. Et ne pensons pas spontanément à préconiser des « solutions » aux professionnels, elles sont le plus souvent inopérantes.

Aujourd’hui, il s’agit très simplement de s’interroger sur l’existence d’une immense production continentale, forte de centaines de milliers d’ouvrages, et dont on ne parle que très, très peu hors des frontières nationales. Bien heureusement plusieurs opérateurs œuvrent à diffuser, commercialiser et rendre compte de l’existence de tous ces livres depuis déjà longtemps. Entre tous, je voudrais citer l’African Books Collective, l’Oiseau Indigo Diffusion, Meabooks et Hans Zell. Prolongeons et accompagnons l’engagement de ces derniers.

Le travail continue, avec toutes ses difficultés. Mais il continue.

 

 

 

 

 

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