En direct #6 : des fois, un chiffre vaut mieux que mille mots…



Illustration : « Hiedelburg Project, by the numbers » by Tyree Guyton. Crédits : Timothy Neesam, 2015 (certains droits réservés.)

Par Raphaël Thierry

On l’a assez répété, on manque de données sur le livre en Afrique. Cela ne veut pas dire que les chiffres n’existent pas, mais il est vrai que l’on ne trouve pas facilement d’informations chiffrées sur :

  • les ventes (import/export) au niveau national
  • les ventes (import/export) au niveau régional/continental
  • les ventes (import/export) au niveau international
  • la traduction des œuvres africaines hors d’Afrique
  • la traduction d’œuvres non africaines en Afrique
  • les cessions de droits à des éditeurs africains
  • les cessions de droits d’éditeurs africains à l’international
  • les donations de livres en Afrique (ouvrages éducatifs, religieux, littérature, etc.)

La partie base de données d’EditAfrica avait initialement pour but de représenter des catalogues et des annuaires d’éditeurs africains. J’avais d’ailleurs entamé un référencement des éditeurs du Cameroun suite à mes recherches menées en 2008. J’ai par la suite travaillé pour l’association Afrilivres, et participé à la remise à jour de leur base de données, j’ai également eu quelques collaborations avec l’Oiseau Indigo diffusion (Festival Paroles Indigo 2013), avec l’Alliance Internationale des Éditeurs Indépendants (ateliers préparatoires aux Assises de l’édition indépendante) et le Bureau International de l’Edition Française (BIEF, organisation d’un atelier professionnel et rédaction de notes critiques). Ces différents échanges et travaux m’ont petit à petit convaincu que le positionnement d’un site consacré au monde du livre africain devait prendre garde à ne pas se substituer aux opérateurs africains existants et à demeurer clair quant à ses objectifs d’espace de documentation désintéressé. J’avais d’ailleurs commencé mes publications sur EditAfrica en exprimant mes réserves vis à vis de la concurrence livrée par un portail international à une base de données camerounaise (et bien que je ne doute pas de sa bienveillance, je reste encore aujourd’hui plutôt dubitatif à l’égard des explications d’Olivier Barlet, sachant que le portail camerounais a depuis disparu).

À un autre niveau, je voudrais surtout éviter de céder à cette tendance bien trop répandue de parler à la place des autres : face à la faible connaissance des réalités du livre en Afrique, on a souvent raconté tout et n’importe quoi (je pense ici à certains exemples issus de la presse culturelle du Nord, cqfd). Il y a là une forme d’arrogance, sinon de suffisance.

Alors, je crois qu’il est important que je n’oublie pas la moelle épinière du projet EditAfrica : documenter de manière indépendante pour mieux comprendre les réalités de l’édition africaine, et participer à réduire les préjugés extérieurs sur une industrie du livre mal perçue en France, et plus largement au Nord.

Il s’agit donc, en m’appuyant une fois de plus des recommandations formulées par Hans Zell (dont je ne cesserai jamais de recommander l’inestimable travail), de relancer non pas un annuaire, ou bien « une base de données à la place des bases de données », mais plutôt de proposer un relai vers des données existantes, ainsi que de collecter des chiffres, qui seront toujours plus parlants que mille articles. Je voudrais donc développer un projet évolutif à partir d’EditAfrica en apportant des chiffres sur le monde du livre africain à destination des communautés qui s’y intéressent. Je destine avant tout ces informations aux professionnels du livre en Afrique et, dans un second temps, à la communauté universitaire (et c’est par ailleurs là également une manière de répondre à ceux qui penseraient qu’un travail universitaire ne prend pas place dans l’espace public et ne se réalise pas « dans le concret »).

Ce projet intitulé « Le monde du livre africain en chiffres » prendra donc peu à peu forme au fil d’articles régulièrement mis à jour, et peut-être de futurs projets plus larges. Mais il est encore un peu tôt pour trop m’avancer sur ces différentes perspectives. Autant commencer d’abord modestement par un prochain article consacré à la balance de l’import/export du livre français en Afrique, et vice et versa.

Ah, et au fait : bon Nouvè !

 

 

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