Scènes émergentes et nouveaux enjeux du livre dans le Monde Arabe

06/04/2012 : « Can Cairo’s Book Fair Compete ? »

On ne parle décidément pas assez souvent des manifestations littéraires qui se tiennent aux Proche et Moyen-Orient et dans le Monde Arabe. Essentiellement anglophones et arabophones, certains évènements attirent de plus en plus l’attention de la communauté du livre. Il se développe aussi une rivalité entre ces différents rendez-vous du livre.

De retour de la Foire Internationale du Livre d’Abou Dhabi (ADIBF), M. Lynx Qualey souligne l’ascendant que ce salon du livre a pris sur la sous-région. Elle exprime aussi son attachement à une Foire Internationale du Livre du Caire, plus ancienne et pour laquelle elle ne voudrait pas que la Foire d’Abou Dhabi deviennent une menace.

Si elle salue l’investissement des organisateur de l’ADIBF (« seamless, intelligent, highly air-conditioned event they had assembled with its many wonderful writers, illustrators, tech folks, administrators, and publishers »), il s’agit aussi pour M. Linx Qualey de se demander comment les épicentres littéraires Moyen-orientaux (Amman, Beyrouth, Casablanca, etc.) peuvent aujourd’hui développer de meilleures foires du livre.

Et l’auteur de l’article de citer ce vieil adage régional : « le Caire écrit, Beyrouth publie et Bagdad lit »… un proverbe qui n’est plus tout à fait d’actualité. En effet, si le Caire écrit toujours, Beyrouth la concurrence désormais largement sur le plan littéraire, et il est douloureux et rageant de constater le niveau d’alphabétisation dans lequel Bagdad est rendue.

M. Lynx Qualey suggère par ailleurs un ajout au proverbe : « et les Émirats font le business éditorial ».

La croissance de ces nouveaux marchés arabes a été foudroyante. Elle s’est opérée à partir de deux centres : Sharjah (dont la foire se tient en novembre) et Abu Dhabi (dont la foire se tient en mars).

Des évènements qui doivent pourtant encore convaincre les éditeurs étrangers : l’article rappelle l’intervention d’une journaliste britannique au cours d’une table ronde qui se tenait durant la dernière foire d’Abou Dhabi. Celle ci interpelait Al-Qubaisi, le directeur de l’ADIBF : si des éditeurs britanniques ont effectivement besoin d’une foire du livre pour émerger sur de nouvelles places du livre, selon elle, ces derniers ne sont pas encore prêts à faire, chaque année, deux voyages dans la région.

M. Al-Qubaisi tient beaucoup à ce que la foire d’Abou Dhabi ne soit pas perçue comme un « bazar », une image que peuvent avoir, d’après lui, la plupart des autre foires régionales. Il a ajouté que si l’ADIBF maintient toujours la vente des ouvrages exposés, c’est principalement à cause des problèmes de distribution, lesquels mettent une forte pression sur la foire.

En effet, ajoute Lynx Qualey, lorsque de plus en plus de lecteurs peuvent acheter leurs ouvrages dans des librairies, cet aspect des foires tend à disparaitre. Si les libraires pouvaient trouver des solutions permettant à des cairotes d’acheter des romans marocains, ou à des jordaniens de se procurer des œuvres algériennes (par exemple grâce à l’impression à la demande, à l’édition numérique ou autres), sans que les foires doivent servir d’intermédiaires, le côté « bazar » deviendrait alors une relique du passé.

De la sorte, les catégories les plus aisées du Caire n’auraient plus besoin d’attendre la Foire Internationale du Livre du Caire (CIBF) pour acheter le plus de livres possible, tout simplement parce qu’elles n’auraient qu’à se rendre dans à la librairie Alef, Diwan, Kotob Khan, Shorouk, AUCP Bookstore, ou Balsam.

D’après un article publié par M. Lynx Qualey sur le site Web Arabic Literature (en lien).

Ce billet est également publié sur le portail Web de la revue Africultures (en lien).

 

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