Littafcar : un projet de coopération circulaire Afrique-Europe-Caraïbes

Entretien avec Dominique Gillerot, administratrice déléguée de l’ONG Coopération Éducation Culture, coordinatrice du projet Littafcar – 23 mars 2015.

Raphaël Thierry

 

LITTAFCAR.ORG est un réseau de centres culturels qui partagent la mission de promouvoir les littératures d’Afrique et des Caraïbes. Ce réseau a été initié par l’ONG belge Coopération Education Culture (CEC) et rassemble trois autres centres culturels et documentaires au Bénin, au Rwanda et en Haïti : FOKAL (Port-au-Prince), Artisttik Africa (Cotonou) et centre ISHYO (Kigali).

Raphaël Thierry : Dominique Gillerot bonjour. Avant toute chose, j’aurais aimé vous demander comment le projet Littafcar s’est agrégé au travail du CEC au départ. Était-ce une demande initiale de l’Union Européenne ? Comment est née l’idée d’un réseau de promotion des littératures d’Afrique et des Caraïbes ?

Dominique Gillerot : Bonjour. Il s’agit plus d’une continuité par rapport au travail que CEC mène depuis près de 40 ans dans la promotion et la diffusion des littératures d’Afrique et des Caraïbes. C’est aussi la suite de contacts que nous entretenons depuis des années avec les acteurs du livre, qu’ils soient éditeurs, auteurs, basés en Europe ou ailleurs et, à côté de cela, un travail que nous menons de longue date avec des acteurs culturels en Afrique et en Haïti, principalement.

Des contacts existaient déjà depuis un petit temps avec des structures autour de projets en cours de gestation, lié à des relations dites bilatérales, entre CEC et des partenaires. Pour citer un exemple : cela faisait un petit temps que l’on travaillait avec Ishyo, notre partenaire au Rwanda, sur un projet de renforcement de leur centre pour augmenter l’accessibilité aux littératures et aux livres de façon plus générale. Ishyo partageait la mission et les modes d’intervention que CEC s’était donnés dans la promotion des littératures. Dans un premier temps, il leur fallait avant tout un renforcement de leur bibliothèque. C’est le genre de projet pas facile à financer, en tous les cas dans le cadre dans lequel CEC travaille. Parallèlement à cela, on avait des demandes similaires d’autres centres culturels. L’idée a vu le jour de créer un réseau entre ces différentes initiatives autour de la promotion du livre et de la littérature. Mais trouver des financements pour des projets multi-pays semblait compliqué.

RT : On se situe là au niveau des années 2000 ?

DG : Disons 2005. Et donc, petit à petit, arrive cette idée de réseau. Parce qu’on se disait qu’effectivement, cela avait tout à fait sa place et son sens dans notre travail. Il s’agissait en fait de développer un réseau à partir de centres qui avaient les mêmes demandes, mais qui étaient dans des environnements très différents. Ces derniers avaient donc, à la fois, des besoins différents mais aussi de possibles apports différents, voire des complémentarités.

 

Et c’est à ce moment qu’est arrivé l’appel à projet ACP/UE (programme ACP Cultures+) qui, par essence, demande l’intervention de plusieurs partenaires. Nous nous sommes alors dit « voilà un cadre idéal pour un projet de réseau ». Ce n’est donc pas venu de la part des « ACP », c’était un processus en cours. Pour la réalisation de ce processus, il y avait la priorité des financements, que l’on ne trouvait pas jusqu’alors, parce que les bailleurs ont leurs exigences et travaillent dans certains canevas. Et là où nous nous sommes totalement retrouvés, c’est dans l’idée de pouvoir créer un réseau, de pouvoir travailler entre différentes régions. Ça, c’est un côté qui est, je pense, tout à fait exceptionnel dans cet appel à projets.

RT : Mais l’idée « d’ACP » était une volonté initiale des partenaires du CEC, ou bien a-t-il fallu, en plus du centre Ischyo, établir une sélection, un choix des partenaires de votre ONG pour créer le projet Littafcar ?

DG : Oui, il a fallu faire un choix. Car c’était une exigence des ACP, c’est-à-dire qu’il devait y avoir trois partenaires du Sud, d’au moins deux régions différentes. Le choix des partenaires s’est donc basé sur les relations que nous avions à la fois en Afrique de l’Ouest et en Afrique centrale. A côté d’Ishyo (Afrique Centrale et de l’Est), nous avons opté pour un partenaire béninois, Artisttik Africa, avec lequel nous étions également déjà en relation (Afrique de l’Ouest). A côté de cela, nous avons adressé une demande à la FOKAL en Haïti, avec qui nous travaillions également depuis quelques années. Nous ajoutions par ce partenariat avec Haïti une dimension « Afrique-Caraïbes », qui est un autre élément fort du projet. Même si le lien « Afrique centrale-Afrique de l’Ouest » est tout aussi important : des échanges entre les deux pays se mettent en place à travers le projet de façon tout à fait inédite. Pour revenir à votre question : oui, il y a eu une sélection parce que nous devions répondre à ces critères, et en même temps ces critères nous ont tout à fait servis […]

[Lire la suite de l’entretien publié sur le portail Littafcar.org]

 

 

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