L’engagement d’un libraire algérois

26/03/2012 : « Le libraire d’Alger qui entre en résistance »

Sarah Elkaïm vient de publier un très bel article consacré au libraire Ramdane Iftini, qui a ouvert la librairie « Ta page » (l’adresse facebook de la librairie en lien) il y a quelque mois à Alger. « Dans une capitale de plus de 4 millions d’habitants, dont le seul centre ne compte qu’une petite dizaine de librairies, apporter sa pierre à l’édifice n’est pas chose aisée ».

Mais le libraire tient bon, en misant notamment sur des plumes algériennes : « C’est pas le Pérou, mais ça va… Ces derniers temps y’a rien, à part quelques livres édités ici, les derniers Nina Bouraoui, Yasmina Khadra, Anouar Ben Malek […]. Chawki Amari, c’est caustique, ça marche bien… Les jeunes auteurs algériens, il n’y a pas grand-chose, et ils ne vivent pas en Algérie ». Chez « Ta page », « un roman coûte entre 500 et 1.000 dinars, certains 200 », précise la journaliste.

Alger est mieux fournie en termes d’éditeurs que de librairies ; comptant « quelques belles maisons d’édition, dont l’emblématique Barzakh, née à l’aube du troisième millénaire, partenaire d’Actes Sud et riche d’un catalogue de 120 titres ».

L’article mentionne plusieurs « adresses », à l’image de la librairie des Beaux Arts qui « bénéficie d’un passage permanent. Un peu plus haut avant d’arriver au Sacré-Cœur, sa voisine, Les Mots, rue Victor Hugo, est aussi bien lotie. À Bab El Oued subsiste la très active et immense Chihab, également maison d’édition.Des maisons tenues par de véritables libraires, quand d’autres préfèrent se recycler dans la papèterie, plus rentable ».

Plus modeste, « Ta page » doit actuellement faire face à des difficultés liées à ses fournisseurs : « ils font dans le livre comme ils pourraient faire dans n’importe quoi ! L’un de mes distributeurs est devenu complètement bureaucratique. Je lui envoie mon bon de commande par mail et il me répond qu’il n’y a pas le cachet! Comment veut-il que je mette mon cachet dans un mail ? » Une absurdité parmi d’autres, selon Mme Elkaïm, « [c]omme celle qui exige de fournir un « certificat d’origine et phytosanitaire » pour importer… un livre », relève-t-elle.

Pour un libraire comme M. Iftini, il y a de bonnes raisons de croise en une telle entreprise : « les Algériens lisent. Depuis son ouverture, en juin dernier, Ta Page a trouvé sa clientèle, plutôt aisée, d’universitaires retraités, de jeunes parents. Ramdane Iftini adapte son offre, et compte l’axer sur la littérature enfantine, la prose et la poésie d’ici et d’ailleurs, quelques Beaux-Livres, quelques essais ». Il précise : « Si quelqu’un entre et me dit qu’il n’a pas d’argent, je lui donne le livre. J’aime être sur le fil du rasoir. Je n’aurais pas pu rester fonctionnaire du Ministère des finances, où j’ai été inspecteur des domaines à 21 ans. Ce qui me plaît, c’est les relations, être au milieu des livres… ».

D’après un article de Sarah Elkaïm publié sur le portail web d’information Slate Afrique.

Ce billet est également publié sur le portail Web de la revue Africultures (en lien).

 

Laisser un commentaire

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.