Marché du livre en Afrique, les ambitions de Michel Lafon

29/02/2012 : Michel Lafon: « Je vais baisser le coût du livre en Afrique »

Alex Kipre publie son entretien avec Michel Lafon, fondateur et directeur des éditions du même nom. L’occasion pour le représentant de la septième maison d’édition française (qui ne dépend d’aucun groupe) de revenir sur ses projets et ambitions en Afrique.

M. Lafon évoque la collection « Bouba et Zaza » qui vise à faire baisser, le coût du livre en Afrique : « avec l’Adea (Ndlr : L’Association pour le développement de l’éducation en Afrique, le bureau régional de l’Unesco à Dakar, le département de l’Unesco pour toute l’Afrique, que nous avons créé la collection Bouba et Zaza. Ce sont des livres qui enseignent aux enfants des notions assez fortes et non encore explorées […]. Ce travail de synthèse a duré trois ans de dur labeur. Il a fallu être très précautionneux […]. [E]n fin de compte, la collection a été validée par l’Unesco […] nous entrons maintenant dans la phase de finalisation et de détails ».

Le directeur se rendait à Abidjan, dans le cadre du partenariat entre la maison d’édition et le quotidien Fraternité matin, au cœur d’un projet de « manuels scolaires relatifs au Français et à l’Éducation civique. Il s’agit pour [l’éditeur] de faire un point d’une part, et de l’autre, d’appréhender d’autres possibilités d’accord, notamment dans un secteur [de] l’enfance et la petite enfance ». Une initiative qui « avait été quelque peu freinée par les événements en Côte d’Ivoire ». Ce partenariat est suivi au Sénégal, avec le quotidien Le Soleil, ainsi qu’au Burkina Faso et en Guinée Conakry.

Interrogé sur « la fâcheuse réputation [des éditions Michel Lafon] de n’intervenir que dans le livre lucratif  », M. Lafon se défend : « À mes débuts peut-être, nous tentions des livres à succès. Mais maintenant, nous ne nous servons plus du livre. Nous le servons pour aider les jeunes à s’épanouir, les peuples à combattre l’illettrisme. L’éducation est actuellement, à ce stade de l’évolution de la maison, notre axe de prédilection. Nous voulons faire œuvre utile ».

Le scolaire volet le plus rentable de l’édition… Selon l’éditeur, « c’est en tout cas le volet le plus difficile. Chaque fois qu’il y a un appel d’offres, se présentent 5 ou 6 concurrents. Il faut donc avoir le meilleur profil, la meilleure note, aussi bien sur la présentation, le contenu que sur le prix qui se doit d’être le moins cher possible, comparativement aux autres postulants. Le mieux à faire, c’est d’avoir une marge bénéficiaire quasi nulle et insignifiante pour remporter, dans un premier temps, le marché. Les première et deuxième années, on travaille quasiment à perte et ensuite il y a les redemandes et les marchés privés. C’est au bout de quatre ans que les choses deviennent intéressantes et que les bénéfices se font sentir ».

Et de revenir sur « les espaces anglophones qui représentent, eux aussi,  un marché » : les ouvrages de Michel Lafon « sont déjà traduits en Anglais, en Portugais, en Kiswali, qui est une langue parlée en Afrique orientale et dans une partie de l’Afrique centrale, notamment dans les deux Congo. En plus de ces quatre langues, d’autres langues régionales viendront s’ajouter à la liste, d’autant plus que toute cette opération est financée par l’Unesco ».

Un entretien réalisé par Alex Kipre, publié dans Fraternité Matin (Côte d’Ivoire).

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