« Les camerounais doivent croire aux livres camerounais »

09/07/2012 : « Amorcer la mise sur pied de la politique du livre pour que 2014, en soit l’apothéose ! ».

Interviewé par Rachel Kesseng pour le Journal du Cameroun, Joseph Fumtim revient sur l’aventure des éditions Ifrikiya fondées en 2007 à l’initiative de François Nkémé, Jean-Claude Awono et lui-même.

Une maison d’édition qui, après cinq années d’existence, possède un catalogue riche de près de 70 ouvrages et d’une cinquantaine d’auteurs, et peut s’enorgueillir de plusieurs succès, à l’image de Walaande, l’art de partager un mari de Djaïli Amadou Amal, récemment retenu pour être traduit et publié par une dizaine d’éditeurs arabophones.

Cet entretien est aussi l’occasion pour Joseph Fumtim d’évoquer la situation du livre au Cameroun ; un pays qui « hérite d’une longue tradition d’édition, notamment avec les Editions CLE, créées au début des années 60. Un dispositif complété par le CEPER. Donc pendant près de trois décennies, Yaoundé était la capitale africaine de l’édition francophone. Après on a eu le clash des années 90 où moins de 5 livres se publiaient à Yaoundé par an. Aujourd’hui, malgré tous les efforts, nous courrons encore après le palmarès des années 60-70 ».

Pour autant, l’éditeur souligne que « depuis une dizaine d’années, le secteur s’étoffe et se professionnalise davantage. La différence ici étant que des acteurs privés surtout des jeunes prennent des initiatives ».

Une « embellie » qui se heurte malheureusement à « un goulot d’étranglement à savoir la distribution : Les livres publiés localement coûtent chers et ne circulent pas assez ».

Joseph Fumtim appelle donc de ses vœux « la mise sur pied une véritable politique du livre », priorité structurelle grâce à laquelle « les problèmes de douane, de fisc et de droit qui pèsent sur l’édition vont peu à peu se dissoudre ».

Du côté des éditeurs, « une plus grande collaboration entre les éditeurs internes » semble essentielle : une piste est évoquée : « s’organiser en syndicats du livre en associant les autres acteurs dont des libraires ».

Enfin, Joseph Fumtim n’oublie pas le lectorat camerounais : « je l’encourage à croire au livre de chez lui. Ça doit être un label et un honneur pour lui de brandir à l’étranger un roman écrit par un camerounais et publié par une maison camerounaise ».

Et si le responsable de la collection Interlignes aux éditions Ifrikiya n’ignore pas la candidature de Yaoundé pour être la capitale mondiale du livre de l’Unesco en 2014, il ne peut s’empêcher d’émettre quelques doutes « nous n’avons pas l’impression que la campagne du Cameroun soit menée comme il se doit. À notre avis, une bonne mobilisation nationale et africaine aurait été nécessaire, en se basant sur des icônes mobilisatrices comme Calixte Beyala, Gaston Kelman, Léonora Miano ou Achille Mbembé ».

L’éventualité d’une telle nomination n’est pas une fin en soi, pour Joseph Fumtim : « Il ne faut pas qu’on se trompe d’enjeu. Être capitale mondiale du livre, il s’agit là d’une action ponctuelle qui pourrait être plus productive. A condition que l’on y associe le processus de mise sur pied de la politique du livre dont 2014 pourrait en être l’apothéose ».

D’après un entretien publié par Rachel Kesseng dans le Journal du Cameroun (en lien).

Ce billet est également publié sur le portail de la revue Africultures (en lien).

 

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