« À Tombouctou, c’est la culture africaine que l’on assassine ! »

04/04/2012 : Alain-Patrice Nganang : « À Tombouctou, c’est la culture africaine que l’on assassine »

De nombreuses voix commencent à s’élever pour dénoncer ce qui se passe actuellement au Nord Mali. Une des dernières – et non des moindres – est celle de l’écrivain camerounais Alain-Patrice Nganang. Celui-ci déplore le chute de Tombouctou aux mains des factions armées : « Il y a quelques jours Tombouctou est retournée au XVIème siècle. Des forces rebelles du mouvement Ansar Dine d’Iyad Ag Ghali se la disputent avec les celles du MNLA, le Mouvement national pour la libération de l’Azawad, sans parler de dirigeants d’Aqmi qu’on y signale ».

Bien plus qu’une cité, c’est un symbole qui est aujourd’hui menacé : « Avec cette ville, capitale culturelle de l’Afrique au sud du Sahara, est également tombée Gao, d’égale renommée. Ainsi c’est le centre pulsatif de l’intelligence africaine la plus profonde qui est menacé, ces deux ville n’ayant pas seulement produit des lettrés de renom tel Al Hadj Mahmoud Kati, mais aussi de centaines de milliers des documents de mathématiques, d’astronomie et d’autres sciences qui ont défini de manière inébranlable le savoir africain, et produit des textes influents dont ses Chroniques de Tombouctou, écrites de 1493 à 1599. Depuis ces villes sont comptées dans le mémorial de notre collective humanité, et protégées en tant que telles ».

A. P. Nganang lance un appel : « Nous ne pouvons rester indifférents à ces cris. Comme Tombouctou aura été l’une des capitales africaines de la culture, Bamako aura été l’une de celles de la démocratie en Afrique d’expression française. Comme la culture, la démocratie est vulnérable. Comme la culture, la démocratie se défend. Le respect des textes se défend ».

Les enjeux démocratiques, culturels et humains sont immenses : « Il y va autant des manuscrits centenaires de la cité des sables, que des textes qui légifèrent la république. Il y va autant des universités de l’intelligence africaine, que des institutions du droit qui régissent la vie aujourd’hui au Mali. Il y va d’une défense de l’expérience malienne de l’humanité, de la liberté et de la dignité ».

Avec la verve qu’on lui connait, l’écrivain camerounais rappelle que « Paris aura été épargnée par les nazis, tout comme Heidelberg par les forces alliées lors de la deuxième guerre mondiale, à cause du capital autant symbolique qu’intellectuel que représentaient ces villes […]. De même Tombouctou est aujourd’hui la ville symbole de la dignité africaine comme Bamako est celle de notre expérience démocratique ».

D’après un article publié par Alain-Patrice Nganang sur le portail d’information Slate Afrique (en lien).

Ce billet est également publié sur le portail Web de la revue Africultures (en lien).

 

One Reply to “« À Tombouctou, c’est la culture africaine que l’on assassine ! »”

  1. […] appel fait suite à la tribune publiée par Alain-Patrice Nganang « Sauvons Tombouctou, aidons le Mali ! », publiée le 4 avril 2012 sur le portail Slate Afrique (en lien) […]

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